Heredia y Girard I

José María de Heredia y Girard
(1842-1905)

Andromède au Monstre

La Vierge Céphéenne, hélas! encor vivante,
liée, échevelée, au roc des noirs îlots,
le lamente en tordant avec de vains sanglots
la chair royale où court un frisson d’épouvante.

L’Océan monstrueux que la tempête évente
crache à ses pieds glacés l’âcre bave des flots,
et partout elle voit, à travers ses cils clos,
bâiller la gueule glauque, innombrable et mouvante.

Tel qu’un éclat de foudre en un ciel sans éclair,
tout à coup, retentit un hennissement clair.
ses yeux s’ouvrent. L’horreur les emplit, et l’extase;

car elle a vu, d’un vol vertigineux et sûr,
se cabrant sous le poids du fils de Zeus, Pégase
allonger sur la mer sa grande ombre d’azur.

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Le ravissement d’Andromède

D’un vol silencieux, le grand Cheval ailé
soufflant de ses naseaux élargis l’air qui fume,
les emporte avec un frémissement de plume
à travers la nuit bleue et l’éther étoilé.

Ils vont. L’Afrique plonge au gouffre flagellé,
puis l’Asie… un désert… le Liban ceint de brume…
et voici qu’apparaît, toute blanche d’écume,
la mer mystérieuse où vint sombrer Hellé.

Et le vent gonfle ainsi que deux immenses voiles
les ailes qui, volant d’étoiles en étoiles,
aux amants enlacés font un tiède berceau;

tandis que, l’oeil au ciel où palpite leur ombre,
ils voient, irradiant du Bélier au Verseau,
leurs Constellations poindre dans l’azur sombre.

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Persée et Andromède

Au milieu de l’écume arrêtant son essor,
le Cavalier vainqueur du monstre et de Méduse,
ruisselant d’une bave horrible où le sang fuse,
emporte entre ses bras la vierge aux cheveux d’or.

Sur l’étalon divin, frère de Chrysaor,
qui piaffe dans la mer et hennit et refuse,
il a posé l’Amante éperdue et confuse
qui lui rit et l’étreint et qui sanglote encor.

Il l’embrasse. La houle enveloppe leur groupe.
Elle, d’un faible effort, ramène sur la croupe
ses beaux pieds qu’en fuyant baise un flot vagabond;

mais Pégase irrité par le fouet de la lame,
à l’appel du Héros s’enlevant d’un seul bond,
bat le ciel ébloui de ses ailes de flamme.


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